Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mots, et maux, émotions
14 février 2015

Déchéance

Pour Kaléidoplumes et sa consigne 332 :

bonhomme de neige 332

Voici un bonhomme de neige monténégrin qui a, semble-t-il, abusé de l'alcool (les bonhommes de neige au Monténégro ont un penchant pour les alcools forts paraît-il).

Je vous propose d'écrire un texte inspiré de cette photo, texte qui prendra la forme de votre choix.

Contraintes: votre texte devra contenir les mots suivants:

Pistache
Ballon
Appareil
Vitrine

Chuchotement (ou le verbe chuchoter conjugué)

___________________________________

Déchéance

Il les avait vu.

Il savait que tout le monde se moquait de lui derrière son dos, lui l’enfant pauvre, d’un père tombé dans la déchéance de l’alcool. Il ne comptait plus le nombre de fois ou il avait voulu jouer au ballon avec les autres enfants, et qu’ils l’avaient rabroué, méchamment. Tout était prétexte à moquerie, ses yeux verts si clairs qu’ils l’appelaient pistache, son appareil dentaire d’un autre temps et surtout son père, son pauvre père qui était monté si haut et tombé si bas.

C’est qu’il avait été connu son père, il avait fait du cinéma, et le répétait à qui voulait l’entendre dès que les verres devenaient trop nombreux pour qu’il puisse les compter. Il le clamait partout qu’il avait été une vedette internationale, aimée et respectée de tous. En un film, en un rôle il était parvenu au sommet. Et pourtant ce n’était pas gagné d’avance, ce n’était à la base qu’un petit rôle, il avait su le transcender, lui donner vie. Il s’était retrouvé en haut de l’affiche, sans y être préparé. Son nom apparaissait partout, au coté d’Anna et d’Elsa, les autres vedettes du film. Sa photo était affichée dans toutes les vitrines, et tout le monde le reconnaissait dans la rue. Et vint la désillusion, aucune autre proposition, sa vantardise avait fini par lasser tout le monde et peu à peu la bouteille devint sa meilleure amie.

Et plus il buvait, plus les chuchotements naissaient sur son passage et sur celui de son fils, les murmures devinrent des remarques, puis des moqueries, du rejet et du dégoût. L’enfant supportait tout, en souvenir de la gloire de son père, par amour pour l’homme qu’il avait été mais ce soir…

Ce soir, il le trouva une fois de plus affalé sur le sol, une bouteille de whisky à ses cotés, incapable de se relever sans aide. « Ho papa Olaf » murmura t’il en lui tendant la main, sans se rendre compte que les larmes coulaient sur ses joues. Voyant que son père ne faisait aucun effort pour se mettre debout, il finit par s’énerver, lui donnant un coup de pied en hurlant tout son amour pour lui et son dégoût de le voir ainsi. Il glissât et s’écroula sur son papa dans un nuage de neige. Dans un semi réveil comateux son père se mit a chanter, et l’enfant, mi pleurant mi riant, hurla avec lui les paroles de la chanson si connue : Libérée ! Délivrée !...

 

                                                           13/02/15

Publicité
Commentaires
Mots, et maux, émotions
Publicité
Publicité