Autour d'une ... page blanche - 3-

Et voici le dernier texte sur le meme theme

Origamis

 Avez-vous déjà lu, avez vous déjà entendu, qu’une page se mette, qui l’eu cru, en quête de son amour perdu ?

Papier glacé, papier racé, finesse exquise, douceur satinée, blanche pureté, un monogramme en guise d’initiale, une arabesque dorée pour l’habiller. Elle se sait belle, elle en est fière la demoiselle.

Mais elle se sent seule, désespérée. Son écrivain, son ami, son amant a vu son inspiration s’envoler et il l’a délaissée.

Partit pour un tour ? Partit pour toujours ? Elle ne le sait et n’en peux plus d’attendre son retour. Elle veut le revoir devant elle, la contemplant de ses grands yeux tristes, y voir une étincelle s’allumer quand lui vient l’idée. Elle veut sentir sa main la caresser, glissant sur son satin pour en ôter un pli imaginaire. Elle veut le voir saisir sa plus belle plume, ce stylo recouvert d’or, gravé à son nom qu’il n’utilise que dans les grandes occasions. Elle veut sentir l’encre glisser sur elle et qu’il déverse sur son corps ses désirs, son plaisir, des serments d’amour tendre, des promesses d’avenir.

Que ne ferait elle pour le retrouver ? Elle se plierait en quatre pour être à ses cotés. Elle se changerait en avion pour voler à son secours et le porter sur ses ailes vers le chemin du retour. Elle se changerait en bateau pour voguer vers lui sur la vague de son vague à l’âme, et le ramener loin de l’amer, à bon port. Elle se changerait en grenouille pour retrouver son prince et que d’un premier baiser il lui redonne sa vie de papier. Elle se changerait en cygne pour lui faire redécouvrir la grâce et la légèreté qu’il semble avoir oublié. Elle se changerait en fleur, fragile beauté éphémère, qu’il pourrait effeuiller, un peu, beaucoup, à la folie et trouver en son cœur la muse qu’il croit avoir perdu. Elle se changerait en confettis pour faire pleuvoir sur lui les couleurs de ses sentiments, rouge passion, vert espérance, jaune émotion, bleu confiance, rose tendresse, blanc caresse.

Souffle léger d’un génie qui va exaucer un souhait, une brise d’automne l’effleure, la soulevant délicatement. Elle est prête a prendre son envol, a le rejoindre ou qu’il soit.

Le vent est espiègle. Contre toute attente, il la pousse vers la cheminée où sommeillent quelques braises. Et, elle qui se consume d’amour, voit un coin de sa vie partir en fumée, volute légère et délicate qui dessine dans l’air un mystérieux message que seuls des yeux amoureux peuvent comprendre.

Mais avant qu’elle ne s’enflamme, la brise la ramène, la déposant doucement sur le sol, un peu brûlée, un peu jaunie, avec en son centre, tel un tatouage éternel, un cœur dessiné au charbon de bois.

                                   7/05/14