Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mots, et maux, émotions
10 juillet 2006

Etrange destin (8 et fin)

Ils continuèrent leurs découvertes, passant devant les dortoirs ou reposaient des enfants de tout age, et arrivèrent au niveau des salles de classe. La des etres mécaniques répétaient inlassablement a ces jeunes copies d’adultes les lois de la cité. Les mots ânonnés par les enfants firent échos dans la mémoire des hommes accompagnant mon grand-père. Les phrases revenaient sur leurs lèvres sans qu’ils s’en rendre compte. L’un d’entre eux, voyant le regard de ses compagnons se perdre, prendre cette fixité si étrange qu’ils avaient vu dans les yeux des enfants, se mit a hurler pour les sortir de cet étrange enchantement. Ils clignèrent des yeux a ses cris, secouèrent la tête et entrèrent dans une rage folle.

Toute la stupidité du conditionnement qu’ils avaient subis leur était brusquement apparu, et ils ne purent supporter de ne pas avoir été maître de leur destinés. Sans tenir compte des injonctions au calme de mon grand-père, ils se mirent a tout détruire systématiquement, secouant les enfant pour les sortir de leur rêves éveillés, malmenant les robots. Ils revinrent dans la salle de contrôle et brisèrent les écrans, arrachèrent les fils. L’alarme qui les avait accompagné jusque là se mit a hurler avec une telle intensité qu’il durent se couvrir les oreilles, puis sur une dernière note plus aigu que les autres elle s’éteignit.

Le silence les ramena a la raison, ainsi que les lumières qui se mirent a faiblir. La peur étreignit leurs cœurs, la peur du changement, la peur de la liberté. Leurs regards convergèrent vers mon grand-père qui avait rassemblé autour de lui les enfants terrifiés par cette fureur.

Sa voix s’éleva alors, calmement, détachant ses mots afin qu’ils pénètrent leurs esprits. Il leur raconta l’extérieur, apaisant leur peur. Les enfants le regardaient, croyant ce qu’il disait comme ils avaient cru les robots.

Il sentit la chaleur d’une petite main se glisser dans la sienne, et une voix fragile et ténue prononça ces simples mots : « emmènes-nous… ».

Il serra la main de l’enfant, hocha la tête et pris le chemin du retour, le chemin de la porte. Il sentait que les adultes hésitaient, craignant pour leur vie, la croyance de la mort sauvage et horrible étant si fortement implantée en eux. Mais mon grand-père ne pensait qu’aux enfants, il voulait les guider vers la liberté, vers la vie. Et surtout, il savait que la destruction des machines ne pouvait qu’entraîner la mort de la cité.

Il partit alors, entraînant a sa suite la troupe nombreuse des enfants, laissant les adultes a leur crainte et leurs hésitations. Certains décidèrent de le suivre mais il furent peu nombreux, les images de mort et de souffrance pesaient trop lourd dans la balance. »

La conteuse se tut et posa son regard empreint de douceur sur Helena et Jalvys. Puis doucement elle repris :

« Ma mère m’a souvent raconté leur descente le long de ces couloirs sans fin. Car, voyez vous, elle est l’enfant qui mit sa main dans celle de mon grand-père. Elle m’a conté le silence oppressant des corridors, leur noirceur et leur désolation que seul le bruit de leur pas rompait. Elle m’a dit la frayeur devant la porte et surtout leur émerveillement devant le monde qui s’offrait a eux.

Mon grand-père bloqua la porte pour permettre a tous ceux qui le désireraient de pouvoir sortir. Certains adultes firent alors demi-tourr, ils repartirent dans la cité, porteurs de l’heureuse nouvelle. Peu les crurent, peu choisirent la liberté… Nous sûmes plus tard que, faute d’administration, la population de la ville dépérit rapidement ; la faim, la folie s’emparèrent des habitants… C’est d’ailleurs la raison pour laquelle plus jamais nous ne tentâmes d’entrer en contact avec les villes de verre, préférant guetter et accueillir les bannis comme vous… ».

Le soir était tombé. Du haut de la colline Helena et Jalvys regardaient la lune se lever et ses rayons se refléter sur le dôme de verre qui avait été leur vie. Leurs mains se joignirent.

« C’est étrange, murmura t’elle, le jour parais ici plus court que la bas… ».

« C’est exact. »

La voix de Salvyra les fit se retourner.

« Les robots, en plus de tout le reste, gardent un contrôle constant du temps. Lorsqu’une journée est passée en ville, deux jours se sont écoulés dans le monde extérieur. Nous n’avons jamais compris la raison de cet allongement temporel… ».

Helena reporta son regard sur la cité au loin. Elle se sentait a la fois heureuse et triste. Heureuse d’être enfin libre, heureuse d’avoir retrouvé son amour, heureuse de cette paix qu’elle ressentait, mais si triste pour ses compatriotes qui jamais ne sauraient, et triste à la pensée de devoir quitter tout cela prochainement.

Comme pour conforter cette pensée, quelque chose bougea au fond d’elle, un mouvement d’abord à peine perceptible, puis plus fort qui la fit porter la main à son ventre. A l’idée de sa mort prochaine, une larme roula sur sa joue.

Inconsciemment, elle exprima ses pensées a voix haute.

« Hélas… la mort est en moi, qui chaque jour me dévore un peu plus… ».

Ses paroles étonnèrent Salvyra qui leva les yeux vers elle, surprenant dans le même moment le geste de la jeune femme contre son ventre. Elle compris et sa voix douce et chaleureuse prit le relais de son regard.

« Non mon amie.. Ce n’est pas la mort qui grandis en toi, c’est la vie. Un enfant né de votre amour verra bientôt le jour, une vie nouvelle, un esprit libre, conçu comme devraient l’être tout les enfants, par l’union de deux corps, dans l’amour et la joie. »

L’étonnement se lit sur le visage d’Héléna, puis vint la compréhension. Son geste se fit protecteur et tendre. Jalvys entoura ses épaules de son bras, et ensemble ils regardèrent vers l’avenir, vers cette vie emplie de couleur qui les attendait.

Publicité
Commentaires
M
et merci a toi d'avoir pris le temps de me lire :)
T
Ouf ! J'appréhendais la fin...<br /> J'aime la symbolique au coeur de cette histoire... la peur de franchir le pas de la porte vers l'inconnu... peur de la souffrance, peur de la mort... Il faut avoir "l'audace de vivre" !!!<br /> Merci à toi...
Mots, et maux, émotions
Publicité
Publicité