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Mots, et maux, émotions
27 juin 2006

Etrange destin (4)

Le départ précipité de son mari ne l’avait pas surprise, elle ne l’avait même pas remarqué. Toute son attention était tournée vers cet homme qu’elle avait rencontré et les couleurs qu’il mettait dans sa vie. Elle ne pensait plus qu’à lui, ne vivait plus que pour lui. Aussi ne fut elle qu’à moitié étonnée lorsqu’elle le découvrit devant sa porte peu de temps après le départ de son mari. Sans un mot, il lui tendit la main. La confiance qu’elle avait mise en lui était telle qu’elle ne posa aucune question, glissa sa main dans la sienne et le suivit. L’improbable fuite, ils en avaient déjà parlé.. sachant qu’elle resterait l’unique solution pour qu’ils puissent vivre leur amour. Ils savaient que la ville était ceinturée par un mur. Les raisons de cette construction se perdaient dans la nuit des temps mais leur plan était d’atteindre ce mur et de trouver une façon de le franchir. Jamais ni l’un ni l’autre n’avaient vu cet obstacle de près, il n’était pour eux qu’une histoire, une légende que l’on raconte aux enfants. Dans la légende le franchir équivalait à mourir sans que nul n’en connaisse la cause, mais leur amour était tel qu’ils préféraient mourir ensemble en tentant de fuir ce monde qui les rejetait plutôt que de continuer à vivre cette vie sans saveur.

Ils partirent dans son véhicule, au hasard des rues, tentant de mettre en peu de temps une grande distance entre eux et la maison d’Helena. Ils ne savaient si les gardes de l’Administration allaient croire son mari, s’ils allaient réagir vite. Ils évitèrent au maximum les endroit surveillés par les cameras, et toujours tachaient de prendre un air naturel lorsque le hasard les forçaient à passer devant l’une d’elle. Apres leur premier jour de fuite, voyant que nul ne donnait l’impression de les poursuivre, ils  s’éloignèrent du cœur de la cité, à la recherche d’un passage leur permettant de fuir cette ville. Ils avaient beau quitter les avenues principales, toujours ils se trouvaient confrontés à des quartiers parfaitement uniformisés, seul le nom changeait, mais les maisons, les rues et même le parc réservé aux promenades obligatoires restaient identiques. Ils avaient beau avancer, l’impression de toujours revenir au même endroit était vivace. Enfin.. ils atteignirent une zone d’habitation différente. Les maisons semblaient désertées depuis longtemps et derrière ils découvrirent ce qui semblait être un espace dégagé.. une longue bande de terre, vierge de toute construction, de toute plantation s’étendait devant eux. Aussi loin qu’ils regardaient ils ne voyaient plus rien, rien que cette terre aride, désertique. Ils se sourirent, pensant avoir enfin atteint les limites de la ville.

Sans regret, ils laissèrent derrière eux la citée et ses rues goudronnées et engagèrent leur véhicule sur ce qui leur paraissait être une route. Très vite un nuage de poussière les environna. Bousculés de toutes parts sur la piste cahotante, ils avançaient, heureux, un intense sentiment de liberté au cœur. Ils ne prirent pas garde au cliquetis régulier qui commença à se faire entendre. Une voix grave s’élevant dans l’habitacle les fit sursauter.

« Vous vous dirigez vers une zone interdite, veuillez faire demi-tour ! »

Ils se regardèrent, cherchant d’où pouvait venir cette voix, mais ne trouvèrent rien. Déroutés, mais déterminés à quitter la cité, ils ignorèrent l’ordre donné et continuèrent leur route. Ils avançaient toujours, s’éloignant de la ville lorsqu’ils eurent l’étrange sensation que le ciel rejoignait la terre au loin devant eux, la grisaille qui s’étendait au-dessus de leur tête paraissait tomber vers le sol tout en devenant petit a petit d’une blancheur éclatante. En approchant ils constatèrent qu’il s’agissait d’un mur, d’un immense mur blanc sur lequel le ciel se reflétait. Le mur de la légende était donc réalité… qui pouvait savoir ce qui se trouvait derrière. Soudain le véhicule se mit a faire des soubresauts, puis stoppa net, manquant de les précipiter contre le tableau de bord. La voix s’éleva de nouveau.

« Votre position a été donnée à la garde, veuillez rester où vous etes ! »

Helena serra la main de son compagnon, nul besoin de mot pour se comprendre. Ils savaient tout deux qu’ils ne pouvaient rester là, à attendre que les gardes viennent pour les ramener. Ils sortirent, laissant sur place la voiture qui les avaient si bien servit et partir ensemble, main dans la main. Ils avançaient vite, chaque pas les rapprochant davantage du mur. Arrivé a sa hauteur ils purent constater avec surprise qu’il était d’un seul tenant, d’une surface plane et lisse sous la main, nulle rugosité ne venait écorcher la caresse de leurs doigts sur cette étendue glacée. Ils restèrent un moment à le contempler, se demandant comment des hommes avaient pu bâtir une telle construction. Sa hauteur était telle que l’escalade leur était interdite, et ils n’auraient su ou s’accrocher tant sa surface ne présentait aucune aspérité. Ils le suivirent vers l’ouest, espérant trouver une porte, un passage…

Plus ils progressaient, plus l’immensité et la complexité du mur se posaient à eux. Il semblait sans fin, nulle part ne se voyait de porte, de trou, même le temps et les intempéries ne paraissaient l’avoir endommagé. Ils marchèrent ainsi durant plusieurs heures. La fatigue se faisant ressentir, ils s’arrêtèrent…Helena n’en pouvait plus, elle ressentait depuis quelques temps déjà ces baisses d’énergie sans comprendre d’où elles pouvaient venir. La marche forcée qu’ils s’imposaient n’arrangeait en rien sa fatigue Son compagnon s’inquiétait pour elle, elle si active, si dynamique était devenue presque apathique, et cela depuis bien avant leur fuite. Ses joues étaient creusées, des cernes sous les yeux, il la voyait dépérir sans pouvoir intervenir tant semblait étrange le mal qui la rongeait de l’intérieur. La voyant à la limite de l’épuisement, il lui proposa de rebrousser chemin, de l’emmener vers la zone d’habitations désertes afin qu’elle puisse s’y reposer.

Il l’installa dans une maison abandonnée, cette même maison ou les gardes l’avait arrêté.. Et il partit, lui promettant de revenir la chercher dès qu’il aurait trouvé un passage. Elle resta a l’attendre durant des jours, guettant le moindre bruit. Elle avait trouvé de quoi se nourrir, mais n’avait pas beaucoup d’appétit. Elle s’inquiétait de son absence, et de cette étrange maladie qu’elle semblait avoir contractée…

Vint le jour ou elle se décida à aller voir par elle-même ce qu’il en était. Elle sorti, allant un peu au hasard, ses pas résonnant sinistrement, au travers de ces rues vides d’habitants. Elle ne se cachait plus, n’y pensait même pas. La réalité lui revint en mémoire lorsqu’elle entendit les voitures des patrouilles. Elle prit peur et se cachât. Elle les vit passer, et les larmes coulèrent sur ses joues lorsqu’elle vit au milieu des uniformes noirs la silhouette de l’homme qu’elle aimait. Elle retourna dans la maison qu’il lui avait choisit, surprise de cette eau qu’elle découvrait sur ses joues et s’assit pour les attendre…

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Commentaires
M
Marrant que tu dis "le mur" c'etait le titre d'origine de cette nouvelle :)<br /> Contente de voir que cela te plais
T
Je suis...l'histoire...<br /> Le mur c'est.... digne d'un film d'horreur !<br /> Moi, qui ne supporte pas d'être "enfermée" !!!
Mots, et maux, émotions
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